vendredi 22 février 2002

Le discours humaniste et la fête des femmes

Publié dans Visions-Voisins (Vol 9, no 2 – 22 février 2002) 

La fibre humaine étant intimement liée aux passions et violences, l’individu harmonisera ou renforcera ce que la nature a légué.  Un certain discours sociologique voit l’évolution de l’humain dans un rapport de forces partagées entre Nature et Culture. [1]  A partir de cet énoncé, on pourrait penser que ce qui libèrera l’humain et l’humanité passera par le contrat social dont parlent Rousseau et Hobbes, sinon par une refonte de l’humanisme.  Cela dit en reconnaissant que ni la Nature, ni la Culture ne sauraient gérer l’évolution de l’humanité dans l’équilibre.

Tout récemment, j’ai vu un film où le comportement de l’héroïne se révélait représentatif d’une lutte Nature et Culture.  Bien qu’à l’échelle de quelques personnages, l’œuvre cinématographique permettait de penser l’humanité dans sa complexité.  Je fais référence au film intitulé Le pianiste, lequel nous plonge dans un milieu représentatif de l’élite culturelle. Le rôle titre est tenu par Isabelle Huppert.  Le personnage est intéressant par les faces cachées du déséquilibre et par les incidences et convergences s’imbriquant dans la violence.  Par son comportement, la femme fait du mal tout en se perdant dans la violence. Son rapport à l’autre passe par la violence.  A la toute fin, sans pour autant laisser deviner si elle sera la seule victime, le spectateur pressent que la pianiste a opté pour l’ultime violence.  L’œuvre ne permet pas un retour sur l’enfance de la pianiste.  Tout au plus sommes-nous confrontés à la mère et ses violences en soubresauts.  L’ambigüité du rapport mère-fille est de l’ordre d’un couple sadomasochiste aux polarités interchangeables.  Il se pourrait bien que le mal d’être de l’héroïne ait plus à voir avec la Culture qu’avec la Nature, mais ceci reste de l’ordre d’un diagnostic savant.

L climat du film est dérangeant, mais il a le mérite de faire comprendre les polarités de la personne, voire les polarités de l’humanité dans ses violences et croisements politiques.  Car, pour qui veut élargir à l’échelle planétaire, pour qui veut regarder les guerres du passé et jusqu’à celles déjà là, on peut reconnaître la force des polarités entre Nature et Culture.

Le discours humaniste s’est révélé nécessaire pour l’évolution de l’humanité tout en devant constamment évoluer.  Le discours féministe en fait partie, et c’est par cet humanisme renouvelé par le féminisme qu’il nous a été donné de voir les inégalités à travers le patriarcat, mais aussi les violences cachées, sinon niées, interférant entre nature et culture.  Plus récemment, la Marche mondiale des femmes ouvrait au renouveau de ce discours humaniste.

L’importance du 8 mars est de ramener au discours féministe tout en permettant de le faire évoluer à partir de la quête du sens d’un humanisme en évolution à travers hommes et femmes.  Car, depuis cette Marche mondiale des femmes, laquelle a permis un affinement des consciences politiques, des solidarités nouvelles permettent des jalons qui voudront refonder l’humanisme dans l’égalité.  Mais encore faut-il mettre les jalons et des mots sur ce qui peut refonder l’humanisme d’un troisième millénaire.





[1]  J’accuse la violence, Essai de Normande Vasil, Éditions JCL.

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