Par
Jean-Marc Charron – Professeur titulaire
Faculté
de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal
Extrait :
Journal Reflets Vol. 30, no 4, Juin 2014 (Page 25)
(…)
Au cours des dernières décennies, certains observateurs ont noté
ce que plusieurs nomment un « retour du religieux », qui
se traduit par un foisonnement de mouvements de nature religieuse ou
spirituelle. Selon Danièle Hervieux-Léger, le religieux ne serait
pas mort, il se serait tout simplement déplacé. Quittant ses lieux
institutionnels traditionnels, il serait aujourd’hui comme en
vagabondage à travers les mille lieux de recherche de sens et de
valeurs que représentent les divers mouvements de « quête
spirituelle », du Nouvel Âge à la méditation, de la pratique
du yoga au mouvement de pleine conscience et autres groupes de
croissance personnelle. Pourquoi ce retour ou ce regain d’intérêt
pour les choses de l’âme?
En
fait, c’est comme si la modernité n’avait pas tenu ses
promesses. Certes, la science a permis des progrès, et la
technologie a rendu la vie plus facile mais elle a aussi généré
ses problèmes et elle connaît aussi des limites. Comme des
apprentis sorciers, les humains ont cru maîtriser la nature mais ce
faisant ils ont aussi mis la planète en péril. Les crises
environnementales en font foi, et on se demande aujourd’hui quel
avenir nous avons réservé à nos enfants et à nos petits-enfants.
De plus, les sociétés industrielles et urbanisées ont généré un
mode de vie centré sur les valeurs individuelles : un gain
appréciable au chapitre des libertés, mais aussi des difficultés à
reconstruire une cohésion sociale autour de valeurs communes qui
suscitent l’adhésion. La postmodernité, selon l’expression qui
caractérise notre époque, serait vécue sous le signe de la
recherche de sens et de la quête spirituelle.
La
société québécoise n’échappe pas à ce double mouvement, celui
de la sécularisation issue de la modernité et celui des nouvelles
quêtes spirituelles associées à la postmodernité. Non seulement
n’y échappe-t-elle pas, mais certains croient qu’elle le vit
avec plus de radicalité que d’autres. En moins de 20 ans, du début
des années 1960 jusqu’à la fin des années 1970, le Québec est
passé d’une société à forte composante religieuse à une
société sécularisée.
Ici,
le processus a été plus rapide et plus radical que dans l’ensemble
des autres sociétés industrialisées. Mais depuis la fin des années
1990, on perçoit un intérêt croissant non pas pour le religieux au
sens strict du terme, mais pour le spirituel. « Je ne suis pas
religieux, mais pour moi, entend-on souvent, la spiritualité, c’est
important. » Les préoccupations pour la recherche de sens se
manifestent sous différentes formes, surtout dans les moments de
crise, moments où les questions essentielles se posent, et plus
particulièrement au mitan de la vie : divorce, maladie grave,
perte d’emploi. (…). Les sociétés modernes n’ont donc pas
évacué les questions essentielles, elles en ont tout simplement
déplacé les lieux de recherche de réponses significatives.
Mes notes
critiques au Rédacteur en chef du Journal
le 12 juin 2014 :
En
ce qui regarde l'article de Jean-Marc Charron, malgré la qualité de
la réflexion, j'estime qu'il aurait dû aller plus loin en ouvrant
sur les confrontations qui se vivent un peu partout sur la planète,
et dont le Québec ne fait pas l'économie. Bref...l'article m'a
laissée dans l'insatisfaction à travers ce que j'ai perçu comme
une réserve se gardant d'effleurer les conflits religieux (ici
et ailleurs) mais ce faisant, on nie le miroir du sens à travers des
confrontations mettant en compte une certaine image de la
spiritualité.
Avec
mes bonnes salutations et bonnes vacances!
Réponse
du Rédacteur en chef:
Madame Gagnon,
Je vous
remercie pour votre commentaire.
Vous
comprendrez qu’en 800 mots, c’est un véritable tour de force
d’aborder des thèmes qui sont complexes.
J’apprécie
toujours vos commentaires.
Bonne journée
Yves Hébert
Aucun commentaire:
Publier un commentaire